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PS : Le Progrès, cela se partage

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Merci tout d’abord de votre présence nombreuse à nos Rencontres d’été. Je suis heureux de vous revoir, en pleine forme, en cette fin d’été ensoleillée.Les rencontres d’été, que nous tenons depuis une vingtaine d’années, c’est d’abord le plaisir des retrouvailles, après quelques semaines de repos. Un moment de convivialité entre socialistes, que nous ouvrons à tous les progressistes qui se reconnaissent dans nos valeurs.

Les rencontres d’été, c’est aussi, et surtout, l’occasion de nourrir les débats et de rechercher des solutions concrètes, sérieuses et innovantes aux enjeux de société. Et en cette année cruciale, ce moment de débat prend évidemment une résonnance toute particulière.

Pourtant, le PS résistera à la tentation d’entrer trop rapidement en campagne.

Elio vient de nous le rappeler, le gouvernement a abattu un travail colossal, mais il reste encore du travail et nous ne relâcherons pas nos efforts.

Nous avions, en 2010, fait deux promesses à nos concitoyens. Nous avions promis de stabiliser le pays, nous l’avons fait avec la sortie du conflit communautaire après de longs mois de crise. La réforme de l’Etat

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est désormais finalisée dans les textes et, même s’il reste encore beaucoup de travail pour nos parlementaires, sa mise en œuvre a démarré et nous occupera tout au long de la prochaine législature. Nos Régions et Communautés verront leurs compétences augmentées afin de mener des politiques plus ciblées et mieux adaptées à leur réalité économique et sociale, notamment en matière d’emploi.

Elles sont prêtes. En Wallonie, Rudy vient de nous présenter le plan Marshall 2022, qui projette la Région dans l’avenir. A Bruxelles, notre autre Rudi avance, semaine après semaine, des projets qui consolident la Région et son dynamisme économique. C’était notre première promesse, et nous l’avons tenue.

Parallèlement à cette stabilisation du pays, nous avons mené à bien l’assainissement budgétaire, qui a permis de rétablir les comptes publics et ce, grâce au PS, sans tuer l’activité économique ni la solidarité. C’est le préalable indispensable pour relancer l’économie et créer des emplois durables.

Laurette, qui défend notre vision de la société au sein du gouvernement, et qui nous représente, l’a rappelé il y a quelques jours, les décisions budgétaires de l’ordre de 20 milliards prises sous cette législature sont les plus importantes de ces dernières décennies, mais force est de constater que le PS n’a cessé de défendre notre modèle social, le pouvoir d’achat des citoyens, qu’il a protégé les plus fragiles, et qu’il a mis à contribution ceux qui ont les épaules les plus solides. Un tiers de l’effort vient ainsi des revenus du capital. C’est un rééquilibrage historique de notre fiscalité, même si nous devrons encore aller plus loin.

Maintenant que nous avons accompli cette double tâche titanesque, il nous faut nous concentrer sur la phase qui constituera le défi des prochains mois : la relance de l’économie, avec une attention particulière

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pour les PME qui sont les plus grands pourvoyeurs d’emplois de notre pays.

Et dans ce travail de relance, la préoccupation centrale des socialistes sera de faire en sorte que tout le monde en profite et que personne ne passe à côté. Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous, comme on dit dans les services publics. Et la reprise économique ne vaut que si elle crée des emplois pour tous.

Nous aurons, donc, dans les semaines et mois à venir, ce débat sur le soutien à la relance. Je ne vais pas l’ouvrir ce matin, mais puisque nous avons entendu beaucoup de choses, parfois un peu incongrues, lors de cette rentrée, permettez moi quand-même de faire trois courtes remarques.

Un, le débat sur la relance ne peut pas se réduire au coût salarial. Si l’on veut une reprise solide, qui crée des emplois durables, il faudra prendre en compte aussi la formation, l’innovation, la recherche et

développement, le coût de l’énergie,… Nous sommes évidemment ouverts à un débat sur le cout du travail, mais en le replaçant dans son contexte. Nous ne voulons pas d’une discussion biaisée qui ait pour seul but de faire des cadeaux fiscaux qui ne profitent finalement qu’aux actionnaires.

Deux, pas de mesures miracles. Ça n’existe pas, et les citoyens n’y croient pas. On ne fait que renforcer le scepticisme à l’égard de la politique quand on fait croire qu’il suffirait d’une mesure pour tout régler, parce que les citoyens se disent, à juste titre, « mais si c’est si simple, pourquoi ne le font-ils pas ? ». Nous ne viendrons donc pas avec des idées simplistes, non ciblées, qui non seulement gaspillent l’argent public mais en outre se révèlent bien souvent inefficaces.

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Trois, le débat sur la reprise ne doit pas être un nouveau prétexte pour attaquer, une fois de plus, les droits sociaux. On voit bien la tentation à droite, de parler du coût du travail pour attaquer une fois encore les droits des travailleurs. Nous avons résisté avec succès jusqu’ici, nous n’allons pas faiblir maintenant que le contexte économique s’améliore. Vous l’avez vue comme moi, Laurette est en pleine forme, elle va, une fois de plus, se battre avec toute la vigueur que nous lui connaissons ! Que les choses soient claires, donc. Nous ne discuterons pas de mesures qui ont pour effet de menacer le financement de la Sécurité sociale et de nos services publics. Nous ne perdrons pas non plus notre temps à discuter de mesures calquées sur le « modèle » allemand, comme les mini-jobs à 500 euros par mois, qui détruiraient tout notre système de concertation sociale et de droit du travail, et qui sont une insulte aux travailleurs. Proposer aux travailleurs des « mini-jobs », leur dire qu’après tout ils ne valent pas plus que 500 euros, c’est attenter à leur dignité, et nous ne le tolérerons pas.

Une reprise qui profite à tous suppose aujourd’hui de mettre tout particulièrement l’accent sur la jeunesse. Non pas que nous oublions les aînés, et les hommes et les femmes qui sont dans la force de l’âge, mais parce que la jeunesse est, aujourd’hui, la tranche d’âge de notre population qui affronte les plus grandes difficultés.

Certes, nous n’atteignons pas, en Belgique, des taux de chômage des jeunes de 50 pc comme dans ces pays du Sud de l’Europe qui ont tué leur économie en appliquant les recettes erronées de la Commission européenne. En termes d’emploi des jeunes, nous faisons même un peu mieux que la moyenne européenne.

Mais il n’en reste pas moins que l’accès des jeunes aux études, à l’emploi, au logement, à la mobilité, bref à tout ce qui fait qu’on peut prendre son envol dans la vie, reste particulièrement difficile. C’est terrible quand on a vingt ans, plein de forces et plein de rêves, de ne pas pouvoir se lancer

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dans la vie, parce qu’on n’a pas un emploi décent. C’est terrible, parce qu’on est coincé dans le chômage, d’être obligé de rester vivre chez ses parents, de devoir mettre entre parenthèses sa vie amoureuse et ses projets de fonder une famille. Il n’y a rien de plus minant pour une société que de voir sa jeunesse paralysée par le chômage. Et comme l’a dit Elio, en conclusion de son discours, nous avons, nous socialistes, le devoir moral de donner aux jeunes un accès à l’emploi.

Parce que nous sommes socialistes, nous prêtons une attention particulière aux jeunes issus des milieux populaires, et des quartiers défavorisés, qui cumulent les difficultés et les épreuves, au point parfois de perdre tout espoir.

Les jeunes, les moins qualifiés et tous ceux qui n’ont pas eu la chance de terminer leurs études ou de suivre une formation, en Europe et en Belgique, se voient frappés d’une triple peine :

- En premier lieu, ils vont en général moins loin dans leurs études que la moyenne.

- En second lieu, au sein même du cursus scolaire, les jeunes des milieux les moins favorisés ont moins de chance d’accéder aux filières le plus recherchées.

- Enfin, même à niveau de diplôme égal, on constate que les jeunes de familles modestes décrochent moins facilement un emploi. Ceux qui ont un diplôme et qui peuvent compter sur les relations de leurs parents finissent toujours par s’en sortir, mais ceux qui ne sont pas nés dans un milieu privilégié ont beaucoup plus de mal. Et leur rancœur est d’autant plus grande qu’ils ont mis énormément d’espoir et une folle énergie dans leurs études, pour échapper au chômage ou à l’emploi précaire, et que leurs efforts ne sont pas récompensés.

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Cette triple injustice est terrible. Et si nous, socialistes, avons une responsabilité, c’est bien celle-là : briser la fatalité de la reproduction des inégalités de génération en génération.

C’est ce que nous sommes parvenus à faire, au cours de notre histoire, grâce à nos combats et à nos conquêtes sociales. Dans notre pays, on peut être né dans un milieu défavorisé, dans une famille frappée tôt par le deuil, et devenir ministre, ministre-président ou Premier ministre. C’est une grande fierté pour nous, socialistes, parce que cela démontre que nous avons bâti un modèle social qui permet à chacun, même ceux qui ont eu le moins de chance à la naissance, d’accéder aux plus hautes fonctions.

Mais en période de crise, reconnaissons-le, cette mobilité sociale se grippe. Et l’on voit les vieilles inégalités reprendre le dessus. Nous ne pouvons pas l’accepter. Nous ne pouvons pas nous y résigner. Une croissance qui ne profite qu’aux actionnaires n’a aucun intérêt, une reprise économique qui ne crée pas d’emplois ou seulement des emplois précaires, non plus. Le sens et la mesure de tout ce que nous faisons doit être de donner à chacun la chance de trouver la place à laquelle il aspire dans la société. Le progrès, ça se partage.

Donner sa chance aux jeunes, cela suppose en premier lieu de travailler à la formation et à l’enseignement. Tout le monde en parle ces derniers temps ou presque. Tant mieux. C’est le signe d’une prise de conscience. La formation et l’enseignement sont au cœur du projet PS tant en

Wallonie qu’à Bruxelles, pour la Wallonie, notamment à travers le Plan Marshall 2022 que porte Rudy. C’est aussi un des thèmes centraux de notre opération de réflexion “ Citoyens engagés ”. Les principes que nous défendons dans ce combat sont les suivants :

Premier principe : lutter de toutes nos forces contre les mécanismes qui bouchent les horizons des enfants dès le début de la scolarité.

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Cela suppose de :

- socialiser les enfants dès le plus jeune âge pour gommer les différences liées aux ressources familiales,

- détecter l’échec le plus tôt possible pour éviter qu’il devienne une fatalité,

- accompagner les enfants qui en ont le plus besoin en donnant les moyens aux écoles et aux enseignants les plus confrontés aux difficultés scolaires.

C’est éviter l’énorme gaspillage, près de 350 millions d’euros chaque année, que génère l’échec scolaire. C’est aussi et surtout éviter un immense gâchis humain : un enfant confronté dès avant l’adolescence à l’échec perdra vite confiance en lui, il se résignera, et il accumulera les difficultés. Au contraire, un enfant à qui l’on explique qu’apprendre est difficile, que cela demande de l’effort, mais qu’avec de la volonté on peut y arriver, sera armé pour lutter contre la fatalité de l’échec. La Finlande a fait de la lutte contre l’échec scolaire une grande cause nationale et est devenue, mois de dix ans plus tard, le pays modèle en matière d’enseignement fondamental. Ayons la même ambition !

Deuxième principe, décloisonner. Nous avons plaidé avec succès pour la mixité sociale, et pour garder tous les enfants le plus tard possible dans un tronc commun. Nous devons continuer dans cette voie. Il n’y a pas deux enfants pareils. Certains traversent la scolarité avec facilité jusque dix-douze ans, puis commencent à éprouver des difficultés au début de l’adolescence. D’autres, en revanche, peinent en début d’apprentissage puis avancent tout seul dès qu’ils se sont révélés. D’autres encore sont confrontés occasionnellement à des difficultés familiales. Chaque situation est singulière. Il faut tenir compte de cette diversité des trajectoires personnelles, et éviter à tout prix que des incidents de parcours se transforment en une logique de relégation. L’enfant ou l’adolescent qui s’entend dire « cette filière n’est pas pour toi », assimile très vite l’idée

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qu’il doit renoncer à ses rêves et ses aspirations, et gâche ses propres facultés. Pour briser ces barrières et ces fatalités, nous devrons

- d’une part, poursuivre la construction de troncs communs qui donnent des connaissances de base à tous les élèves, et qui frottent tous les enfants à toutes les disciplines ;

- et d’autre part permettre à un enfant qui s’est orienté vers une filière professionnelle de revenir à une formation généraliste, et vice-versa. Il faut donner à chaque talent la chance d’éclore à chaque moment.

Ce principe vaut aussi pour l’enseignement supérieur. La réforme que Jean-Claude vient de porter est essentielle, parce qu’elle permet de gommer les barrières anciennes entre les étudiants. Au sein des pôles de l’enseignement supérieur, il n’y aura plus de différences entre universitaire et non-universitaire, cycle long et cycle court. Chaque étudiant doit pouvoir entamer les études supérieures de son choix dans l’établissement de son choix, et doit pouvoir passer, grâce aux collaborations entre établissements et aux passerelles, d’une filière à l’autre, pour donner le meilleur de lui-même, et exploiter toutes ses compétences.

Bron: politics.be

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